Il ne s’agit pas d’un site pour parler de ses idées ou comportements suicidaires. Si tu es en état de crise, appelle le 911 ou rends-toi à l’urgence pour recevoir de l’aide.

La voix des jeunes

Nous avons fait appel au réseau de jeunes à Jack.org pour mieux comprendre les points de vue des jeunes sur la santé mentale au Canada. Les 1 107 répondant.e.s au sondage, de toutes les provinces et de tous les territoires, nous ont fait part de leurs expériences et de leurs réflexions sur les causes des problèmes de santé mentale dans leurs communautés et sur les obstacles qui empêchent les jeunes d’obtenir l’aide dont ils.elles ont besoin. En présentant ces conclusions et ces recommandations, nous voulons guider les administrateur.trice.s des établissements d’enseignement supérieur, les décideur.se.s politiques et autres allié.e.s adultes à prioriser l’amélioration du système de santé mentale des jeunes partout au Canada. L’inclusion de la voix des jeunes Canadien.e.s permettra de mettre en place un système de santé mentale et une culture qui reflètent leurs besoins.
 

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La voix des jeunes


La santé mentale des jeunes au Canada


Le Canada connaît une crise profonde sur le plan de l’accès aux services de santé mentale. Les longs délais d’attente pour des soins de santé mentale abordables ou subventionnés par l’État empêchent les gens d’obtenir rapidement de l’aide.
 
Bien entendu, beaucoup de jeunes ne cherchent pas à obtenir de l’aide. Selon Statistique Canada, les raisons les plus courantes pour lesquelles les gens ont des besoins en santé mentale non comblés sont liées au fait de ne pas savoir où trouver de l’aide, d’être trop occupé ou de ne pas avoir les moyens financiers d’obtenir cette aide. La charge financière associée à l’accès aux services indique des inégalités dans le système actuel de soins de santé mentale.
 
L’urgence de s’attaquer aux problèmes de santé mentale des jeunes Canadiens s’est accentuée dans le contexte de la pandémie de COVID-19. 18 % des jeunes envisageant de se suicider comparativement à 6 % l’année précédente. En outre, l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) a signalé que l’augmentation des pensées suicidaires est particulièrement évidente chez les populations à risque, notamment les Autochtones et les personnes LGBTQ2S+. 

Les jeunes des différentes communautés au pays ont fait preuve d’innovation pour se rassembler et se soutenir, et ont constaté que la santé mentale a fait l’objet d’une attention supplémentaire dans les discussions sur la pandémie. Ces défis et ces possibilités permettent d’examiner la santé mentale des jeunes canadien.ne.s sous un nouvel angle et de dépasser le cadre actuel. Nous espérons que le présent rapport servira à dégager des solutions à la crise de l’accès aux services de santé mentale pendant la pandémie et après.
 

Recherche et recommandations


Stress scolaire. Les répondant.e.s à l’enquête sur l’éducation postsecondaire ont déclaré dans une proportion de 94 % que le stress scolaire engendre des problèmes de santé mentale chez eux.elles et chez leurs pairs. Lors des Sommets Jack régionaux, les jeunes délégué.e.s de chaque province et territoire ont également soulevé la question du stress scolaire, démontrant ainsi l’omniprésence de ce problème chez les jeunes de tout le pays.
 
Incertitude concernant les services de santé mentale numériques. Les jeunes ressentent une certaine hésitation à utiliser les services de santé mentale numériques, un problème majeur qu’il convient de souligner dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19. Lors du Sommet virtuel, les délégué.e.s ont indiqué que la pandémie a accru à la fois le besoin et l’occasion d’améliorer et d’élargir les ressources numériques en santé mentale au Canada. Toutefois, seulement 37 % des répondant.e.s ont déclaré avoir eu recours à des services de santé mentale numériques pendant la pandémie de COVID-19. Si les jeunes du réseau semblent optimistes quant aux possibilités de soins de santé mentale numériques au pays, ils.elles semblent également incertain.e.s quant à l’efficacité de ces services à répondre à leurs propres besoins.

Recommandations

Encourager l’utilisation de pratiques d’enseignement qui favorisent le bien-être des étudiant.e.s.
  • Discuter de santé mentale en classe.
  • Partager les ressources en santé mentale avec les étudiant.e.s, en particulier dans les périodes de stress ou de transition.
  • Faciliter le dialogue sur la santé mentale.
  • Prévoir des politiques de notation et d’évaluation plus souples.
Aider les jeunes à accéder aux services de santé mentale en ligne et les guider dans leur visite.
  • Privilégier une communication claire avec les jeunes sur les services offerts.
  • Aborder les inégalités en matière d’accès à Internet.
  • Considérer les services numériques comme un complément essentiel dans un éventail de soins.
  • Recueillir davantage de données sur les perceptions des jeunes, leur utilisation, les obstacles et les résultats des services numériques.
  • Faire participer les jeunes à la conception et à la mise en œuvre des services.
Accroître l’offre de services de santé mentale culturellement adaptés.
  • Établir des mécanismes d’orientation appropriés et fournir un plus grand nombre de ressources culturellement adaptées pour les jeunes.
  • Faire entendre un plus grand nombre de voix lors de l’élaboration et de la prise de décisions concernant les ressources.
  • Investir dans des équipes d’intervention d’urgence communautaires pour remplacer la police en tant que premier intervenant dans une situation de crise liée à la santé mentale.
 

La voix des jeunes

Le réseau de Jack.org


Nous avons fait appel au réseau de jeunes à Jack.org pour mieux comprendre les points de vue des jeunes sur la santé mentale au Canada. Les 1 107 répondant.e.s au sondage, de toutes les provinces et de tous les territoires, nous ont fait part de leurs expériences et de leurs réflexions sur les causes des problèmes de santé mentale dans leurs communautés et sur les obstacles qui empêchent les jeunes d’obtenir l’aide dont ils.elles ont besoin.

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Outre les données d’enquête, le rapport s’appuie sur les renseignements recueillis auprès des jeunes pendant les séances de collaboration de cinq Sommets Jack régionaux et le Sommet national virtuel. Dans le cadre de ce rapport, nous avons également bénéficié de l’expérience des ancien.ne.s et actuel.le.s représentant.e.s du réseau au moyen d’entrevues individuelles.
 
Les renseignements de six Sections Jack ont été recueillis au moyen de l’outil d’évaluation des universités (OEU), un outil de recherche participative dirigé par les Sections Jack dans les établissements postsecondaires, afin de mieux comprendre les services et les ressources offerts dans les établissements de tout le pays et de connaître le point de vue des jeunes Canadien.ne.s qui ne participent pas forcément aux efforts de promotion de la santé mentale. 
 


Sope-DSC05447.jpgSope Owoaje, qui milite pour une meilleure santé mentale à Iqaluit, au Nunavut, souligne la nécessité d’offrir un accès plus équitable à Internet dans l’ensemble du Canada.
 

« Les services numériques figurent parmi les plus grandes difficultés que nous rencontrons au Nunavut. Cette lacune affecte la façon dont nous recevons les services de santé mentale ici, car le réseau Internet est très peu fiable. Nous sommes donc exclus d’une telle offre de services. Plus au sud, vous pouvez sans doute entrer en contact avec un.e conseiller.ère de votre maison et avoir une longue conversation au téléphone ou par l’entremise de votre ordinateur. Dans le nord, pour avoir une telle conversation avec un.e conseiller.ère d’une autre région, il faudrait se rendre à la clinique de santé publique ou à l’hôpital pour avoir accès à une connexion Internet. »



Sope-DSC05447.jpgJay Legaspi, porte-parole pour la santé mentale en Colombie-Britannique, sait par expérience qu’il est difficile de parler de la santé mentale en classe.
 

« C’est un gros problème dans les établissements postsecondaires et dans les universités : les professeur.e.s ne reconnaissent pas les signes de problèmes de santé mentale… En 2018, je vivais des difficultés liées à ma santé mentale et je n’en faisais pas une priorité du tout, et pour cette raison, j’ai arrêté d’assister à certains cours. Quand j’ai recroisé ma professeure et qu’elle m’a demandé pourquoi j’avais été absent, j’ai répondu que je ne me sentais pas bien. Elle s’est contentée de dire : "OK!" Elle avait une attitude indifférente à ce sujet. D’autres professeur.e.s ne remarquent pas l’absence d’étudiant.e.s ou n’assurent pas de suivi. J’ai abandonné le cours parce que je traversais une période difficile et que c’était trop pour moi. Parfois, je me dis que si elle m’avait tendu la main et demandé comment j’allais vraiment, si elle m’avait offert son aide, si elle avait remarqué mon absence dans les derniers temps, ça m’aurait rassuré. J’aurais eu l’impression que quelqu’un se préoccupe de moi, que quelqu’un sait ce que je vis. J’aurai reconnu que j’avais du mal à faire mes travaux, mais je les aurais faits quand même avec l’aide de ma professeure. »



Sope-DSC05447.jpgAlex San Diego souligne l’importance de travailler avec sa communauté pour promouvoir une saine santé mentale.
 

« On a besoin de se sentir accepté.e et soutenu.e et de savoir qu’on a quelqu’un à qui parler… Les humains sont une espèce qui aime la collectivité et la communauté. Comme une fleur, nous avons besoin d’être entouré.e.s de tous nos pétales… Demander de l’aide, ce n’est pas qu’une question de thérapie clinique. La thérapie est importante, mais il faut aussi trouver où on se sent à sa place et où on s’intègre aux autres. Je pense que beaucoup de gens ont du mal à répondre à ce besoin. Mes proches et mes collègues me le répètent tout le temps. Et quand on trouve ce groupe de personnes à qui on peut parler et qui nous comprennent et qui sont sur la même longueur d’onde, c’est un baume pour l’estime de soi et la confiance en soi. On découvre plus facilement quel type de personne on veut être, où on veut aller, ce qui nous motive… Avant, j’essayais de tout gérer toute seule et je suis allée chercher du soutien moi-même, mais je n’en parlais pas à mes ami.e.s ni à mes proches, alors il me manquait un morceau important. C’est pourquoi je n’arrivais pas à guérir complètement. Maintenant que j’essaie d’adopter une démarche plus collaborative et ouverte, j’ai l’impression que c’est beaucoup plus efficace. »


Sope-DSC05447.jpgEzechiel Nana, militant en santé mentale et étudiant à l’Université d’Ottawa, a constaté l’avantage qu’il y a à ce que les professeur.e.s prennent en compte la santé mentale dans l’enseignement et en discutent.
 

« La majorité des professeur.e.s de mon département ont toujours des discussions ouvertes, pas seulement sur la façon dont ils.elles veulent que nous réussissions, mais aussi sur notre bien-être mental et physique. Je pense qu’ils.elles savent à quel point c’est important, parce que les étudiant.e.s ne peuvent pas réussir s’ils.elles ne sont pas bien sur les plans mental et émotionnel… De voir tant de professeur.e.s mettre de côté les notes, la charge de travail et tant d’autres choses juste pour notre bien-être et de reconnaître l’importance de parler de santé mentale – cela nous fait nous sentir entendu.e.s et bienvenu.e.s dans cet environnement et dans la prise de décisions, et investi.e.s dans tout ce que nous essayons d’apprendre. »





Le processus


Outre les données d’enquête, le rapport s’appuie sur les renseignements recueillis auprès des jeunes pendant les séances de collaboration de cinq Sommets Jack régionaux et le Sommet national virtuel. Dans le cadre de ce rapport, nous avons également bénéficié de l’expérience des ancien.ne.s et actuel.le.s représentant.e.s du réseau au moyen d’entrevues individuelles.
 
Les renseignements de six Sections Jack ont été recueillis au moyen de l’outil d’évaluation des universités (OEU), un outil de recherche participative dirigé par les Sections Jack dans les établissements postsecondaires, afin de mieux comprendre les services et les ressources offerts dans les établissements de tout le pays et de connaître le point de vue des jeunes Canadien.ne.s qui ne participent pas forcément aux efforts de promotion de la santé mentale. 
 

Appel à l'action​


Un thème commun se dégage de ces recommandations : le besoin de discuter avec les jeunes pour veiller à une meilleure santé mentale pour les jeunes. Peu importe l’enjeu abordé, les jeunes du réseau dans tout le Canada cernent les problèmes et les barrières dans le système de santé mentale et proposent des solutions. Si nous voulons mieux promouvoir et communiquer les services de santé mentale en ligne destinés aux jeunes et mettre au point des services adaptés à la culture pour les jeunes, nous devons d’abord comprendre leur perspective et leurs besoins afin d’apporter les changements appropriés au système de santé mentale actuel. De plus, les premières données semblent indiquer que les suggestions que font les jeunes aux décideur.euse.s ont non seulement le potentiel d’être efficaces, mais sont aussi réalistes et concrètes, comme l’illustre la souplesse dont ont rapidement fait preuve les écoles et les enseignant.e.s en réaction à la pandémie de COVID-19.
 
Manifestement, il est nécessaire d’inclure la voix des jeunes dans la prise de décisions. Impossible de véritablement aborder la santé mentale des jeunes au Canada sans inclure et écouter le groupe démographique visé. Chez Jack.org, nous continuerons à faire entendre la voix des jeunes au Canada afin qu’ils.elles puissent faire partie prenante décisions qui auront une incidence sur leur santé mentale.